La Communion sociale

cielo riflessoLe concept de communauté comme de nombreux autres, doit être libéré des scories qui depuis longtemps le déforment. On considère le plus souvent que la racine à la base d’une communauté est le bien dont les membres jouissent et qu’ils utilisent. C’est une interprétation restrictive, qui tend à réduire le multiple au monotone.

Ce qui est commun, en effet, est égal pour tous. Les doses peuvent varier pour chacun des membres, mais le bien est ce qu’il est : un terrain, un bois, une source, une doctrine, une manière de vivre. C’est un “objet” qui décharge ses qualités sur ceux qui en bénéficient et les uniformise. Le peuple italien, par exemple, est la communauté de ceux qui disposent de « l’italianité », bien indéfinissable pourtant réel et existant. Les ordres monastiques (autre exemple) se sont toujours distingués par les Règles observées, différentes et particulières pour chacun, qui les modèlent en communautés uniformes et spécifiques.

Selon cette conception, acceptée et prédominante, le bien, quel qu’en soit sa nature, modèle la communauté de ses utilisateurs. Ainsi les chrétiens se distinguent des musulmans et des autres croyants parce que le bien commun est différent ; et la société humaine se divise en classes selon le bien dont elles disposent, quelle que soit sa complexité.

On observe donc que les communautés, qui dépendent ainsi de leur bien, sont inévitablement divisées et séparées, au point qu’on ne voit pas comment les unifier sans monter une communauté sociale qui aie comme bien la somme des biens et on comprend combien il est difficile d’aller aussi loin. En termes qui pourraient se dire « néo-chrétiens », pour construire une communauté générale il faut véritablement renoncer au bien séparé, ce qui équivaut à le mettre en commun.

Aujourd’hui, nous entendons prêcher la nécessité de mettre en commun les diverses confessions religieuses, mais en pratique, on ne va pas au-delà d’une certaine tolérance réciproque; personne ne veut réellement abandonner sa propriété doctrinaire. Les anciennes et douloureuses séparations et les désaccords féroces restent tels quels, enveloppés dans un manteau d’hypocrisie. Les tentatives actuelles de résoudre le problème se basent sur une partialité déguisée et non sincère et ne traitent pas le cœur du problème, qui nécessite un grand acte de sacrifice.

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Considérons maintenant une communauté gravitant autour d’un bien quelconque, mais modelée sur l’ineffable Bien général, de valeur solaire. Sa puissance transcendante dérive vraiment de l’être indescriptible, et donc adaptable à n’importe quelle conscience. Une société pareille tendrait à l’union, graduellement, pendant qu’elle s’améliore soutenue par la marée évolutive. Les conflits, plutôt que de s’accentuer, se dissiperaient peu à peu.

Aujourd’hui ceci semble irréalisable et utopique, mais […] les événements historiques de cette longue période montrent le genre humain engagé à maîtriser cette leçon d’importance suprême, en apprenant péniblement de ses erreurs, passées et présentes. Les meilleurs esprits l’ont apprise depuis longtemps, et la répandent silencieusement dans l’Espace: l’union sociale, (pas celle politique) n’est plus l’inaccessible concept d’il y a un siècle.

Le premier mouvement vers cet objectif consiste donc à assumer le Bien général comme centre de la communauté naissante, sans vouloir le définir ou en accepter toutes les définitions, librement choisies par chaque conscience.

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Le progrès social peut-être aussi contrôlé par une autre méthode, qu’aujourd’hui personne cependant ne saurait appliquer : il est basé sur le principe de la section d’or, qui donne la charge au majeur d’intercéder pour le mineur.

“Intercéder” est un terme choisi intentionnellement. Il signifie littéralement « marcher au milieu » (inter – cedere) et décrit la fonction qui dans une société appartient au majeur, qui demeure, justement, entre le mineur et le plus élevé et doit les mettre en rapport. Qu’une telle tâche soit exprimée avec la rigueur d’un nombre transcendant (Φ) montre que les faits mathématiques sont de vrais prodiges.

La solution des inégalités sociales ne s’obtient pas en appliquant des idéologies fumeuses et souvent sinistres, mais en dosant avec précision et le majeur, et le mineur. Il est bien vrai qu’aujourd’hui on ne sait pas le faire : n’ayant pas encore appris comment évaluer avec exactitude le rapport entre les qualités humaines, on ne sait pas aller au-delà du simple énoncé de la loi. Réfléchissons au fait que chacun est soit majeur, soit mineur par rapport aux autres, dans les champs les plus divers. Personne, par conséquent, n’échappe à ce précepte : il est tenu soit de donner soit de recevoir de l’aide. Cette phrase est une approche à la règle d’or :

Qui donne l’aide juste, (ni trop, ni trop peu), se pose, par cet acte, comme médiateur entre le mineur et le maximum, de qui il reçoit et transmet le secours.

Ces actions ne tendent pas à égaliser les quantités, (l’idéal de diverses révolutions, sanglantes, autant que myopes), mais à utiliser les qualités pour promouvoir le Bien commun.

Il est affirmé, qu’aujourd’hui on ne sait pas appliquer la proportion “sociale”, mais il est également vrai que personne n’a jamais tenté de le faire, par manque de maturité. Aujourd’hui les peuples (majeurs) envoient des aides de genres différents aux populations mineures. C’est une chose digne d’éloge, bien différente de l’exploitation du récent passé. Cependant, ils ne saisissent pas le signe, parce que ce n’est pas juste, car il s’agit souvent d’interventions dépourvues de sens et de proportion, de telle sorte que les mineurs restent tels.

L’environnement social où chacun peut exercer et comprendre la mesure de la proportion d’or est la famille, toujours composée de majeurs et de mineurs. Entre les murs domestiques le majeur apprend à donner une aide juste, dans une juste mesure, dans chaque champ, et à relier le noyau familial au maximum. Aujourd’hui on pourrait décrire la grave crise sociale simplement en affirmant que la famille est en crise. C’est une situation qui dépend des innombrables erreurs du passé, ou du manque respect et de l’ignorance de la règle d’or. La vie de famille a donc perdu la beauté, elle n’est plus attrayante, donc elle se défait et se disloque : le processus se répercute dans tout le genre humain, qui devrait être une famille et qui ne l’est pas.

La règle d’or n’est pas impraticable. C’est un des fondements du néochristianisme, il y a longtemps annoncé par le Maître, quand il dit : “Aimez-vous les uns les autres comme moi je vous ai aimé”, en indiquant la manière la plus sûre et la plus simple de dissoudre les nœuds sociaux goudronnés.

Note: Cet article a été tiré du fascicule “Il Neocristianesimo”, écrit inédit de Enzio Savoini et traduit par Urusvati France ( www.institut-urusvati.org )

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