Aujourd’hui l’influence de la conjonction héliocentrique entre Mercure (R4) à Neptune (R6) nous invite à une brève, mais profonde exploration du mystère du Son, du Langage. Nous avons choisi pour cela un passage de la Doctrine secrète -Vol [1], sur l’Armée de la Voix.
« C’était l’Armée de la Voix, – la Mère Divine des Sept. Les Étincelles des Sept sont les sujets et les serviteurs du Premier et du Second, du Troisième, du Quatrième, du Cinquième, du Sixième et du Septième des Sept(a). Ces étincelles sont nommées Sphères, Triangles, Cubes, Lignes et Modeleurs ; car c’est ainsi que se tient l’Éternel Nidâna – OI-HA-HU (ou Oeaohu.). [2]
- Ce Sloka donne une brève analyse des Hiérarchies de Dhyân Chôhans, appelés Dévas (Dieux) en Inde, ou Pouvoirs Conscients et Intelligents de la Nature. […] L' »Armée de la Voix » est un terme étroitement lié au mystère du Son et du Langage , comme effet et corollaire de sa Cause – la Pensée Divine. Comme P. Christian, l’auteur érudit de l’Histoire de la Magie et de l’Homme Rouge des Tuileries, l’a si bien exprimé, les mots que prononcent les individus, aussi bien que les noms qu’ils portent, déterminent, en grande partie, leur sort futur. Pourquoi ? Parce que :
« Lorsque notre âme [mental] crée ou évoque une pensée, le signe représentatif de cette pensée se grave sur le fluide astral, qui le reçoit, et qui est, pour ainsi dire, le miroir de toutes les manifestations de l’Être.
« Le signe exprime la chose ; la chose est la vertu [cachée ou occulte] du signe.
« Prononcer un mot , c’est évoquer une pensée et la rendre présente ; le pouvoir magnétique de la parole humaine est le commencement de toute manifestation dans le Monde Occulte. Prononcer un Nom, c’est non seulement définir un Être [une Entité], mais le placer sous l’influence de ce nom, le condamner, par la force de l’émission du mot [Verbum], à subir l’action d’un ou de plusieurs pouvoirs Occultes. Les choses sont, pour chacun de nous, ce qu’il [le Mot] les fait en les nommant. Le Mot [Verbum] ou la parole de chaque homme est, sans qu’il en ait conscience, une bénédiction ou une malédiction ; c’est pourquoi notre ignorance actuelle sur les propriétés et les attributs de l’idée, aussi bien que sur les attributs et les propriétés de la matière, nous est souvent fatale.
« Oui, les noms [et les mots] sont bénéfiques ou maléfiques; ils sont, dans un certain sens, nocifs ou salutaires, selon les influences cachées que la Sagesse Divine a liées à leurs éléments, c’est-à-dire aux lettres qui les composent, et aux nombres qui correspondent à ces lettres. »
[…] Dans les alphabets sanscrit, hébreu et tous les autres, chaque lettre a sa signification occulte et sa raison d’être, chacune est une cause et l’effet d’une cause précédente ; et leur combinaison produit souvent des effets magiques. Les voyelles, surtout, contiennent les pouvoirs les plus occultes et les plus redoutables […] Les Mantras (ésotériquement, des invocations beaucoup plus magiques que religieuses) sont psalmodiés par les Brâhmanes comme le reste des Védas et des autres Ecritures saintes.
« L’Armée de la Voix » est le prototype de la « Cohorte du Logos », ou « Verbe » du Sepher Jetzirah, appelé dans la Doctrine Secrète le « Nombre Unique issu du Non-Nombre » -le Principe Un Éternel. La Théogonie Ésotérique commence avec l’Un Manifesté (non éternel, par conséquent, dans sa présence et son être, s’il est éternel dans son essence), le Nombre des Nombres, et des Dénombrés – ces derniers procédant de la Voix, la Vâch féminin, la Shatarûpa « aux cent formes », la Nature. C’est de ce nombre 10, ou Nature Créatrice, la Mère (le Zéro occulte ou le « 0 » procréant et multipliant sans cesse en Union avec le chiffre « 1 », ou l’Esprit de Vie) que procède l’Univers entier.
On donne, dans l’Anugîta [3], une conversation entre un Brâhmane et sa femme sur l’origine de la parole et sur ses propriétés Occultes. La femme demanda quelle est l’origine de cette Parole, et qui vint le premier, de la Parole ou du Mental. Le Brâhmane lui répond que l’Apanâ (le souffle inspiré), en devenant le Seigneur, change cette intelligence qui ne comprend pas la Parole ou les Mots, en l’état d’Apanâ, et ouvre ainsi le Mental. Sur cela il raconte l’histoire, une conversation entre la Parole et le Mental. Les deux se rendirent chez le Soi de l’Etre (c’est-à-dire chez le Soi Supérieur individuel et le prièrent de détruire leurs doutes, et de rendre sa décision sur celui des deux qui précédait l’autre et lui était supérieur. Le Seigneur répondit : « Le Mental (est supérieur). » Mais la Parole répondit au Soi de l’Être, en disant : « En Vérité, je réponds à vos désirs », voulant dire que par la Parole, il acquérait ce qu’il désirait. Alors le Soi ajouta qu’y a deux Mentals : le « mobile » et « l’immobile« . L’immobile, dit-il est avec moi, le mobile est de votre domaine » (celui de la Parole), sur le plan de la matière. « Sur celui-là vous êtes supérieur. »
[…] Le Souffle, Voix, Soi ou Vent (Pneuma), est la Synthèse des Sept Sens, – nouménalement, c’est toutes les divinités mineures, et ésotériquement – le Septénaire et l' »Armée de la Voix ».
- b) Plus loin nous voyons la Matière Cosmique s’éparpillant et se constituant en Éléments ; se groupant comme Quatre éléments mystiques dans un cinquième -l’Éther, la « doublure », d’Akasha, l’Anima Mundi ou Mère du Cosmos. « Points, lignes, Triangles, Cubes, Cercles » et finalement « Sphères » – mais pourquoi et comment ? Parce que, dit le Commentaire, telle est la première loi de la Nature, et parce que cette Nature Géométrise universellement, dans toutes ses manifestations. Il est – non seulement dans la matière primordiale, mais aussi dans la matière manifestée de notre plan phénoménal – une loi fondamentale, c’est que la Nature rend ses formes géométriques et, plus tard, ses éléments composés, corrélatifs – loi dans laquelle il n’est laissé place ni à l’accident ni au hasard. C’est une loi capitale de l’Occultisme qu’il n’y a ni repos, ni cessation du mouvement dans la Nature.[4] Ce qui parait du repos n’est que le changement d’une forme en une autre, et le changement de substance se fait en même temps que le changement de forme – «
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« L’énergie cosmique pousse à l’effort intense.
C’est par le levier du cœur que la pensée humaine devient créatrice.
La parole qui n’est pas imprégnée par le cœur ne peut créer.
L’absence de coordination entre la parole et le cœur provoque une explosion dans l’Espace. » [5]
[1]. Helena Blavastky – La Doctrine Secrète – vol. I p.72/76
[2]. La signification littérale de ce mot est, pour les Occultiste Orientaux du Nord, un vent circulaire ou tourbillon ; mais dans le cas actuel, il signifie le Mouvement Cosmique éternel, ou plutôt la Force qui le fait se mouvoir ; cette Force est acceptée tacitement comme Divinité, mais on ne la nomme jamais. C’est le Kârana éternel, la Cause qui agit toujours.
[3]. L’Anuyagitâ forme une partie du Parvan Ashmamédha du Mahâbhârata.
[4]. C’est la connaissance de cette loi qui permet à l’Arhat d’accomplir ses Siddhi, c’est-à-dire des phénomènes divers, tels que la désintégration de la matière, le transport d’objets d’un endroit à un autre, etc.
[5]. Infini -Vol. II- 336 (Serie Agni Yoga)