L’Académie des Muses – Introduction

En cette Grande Année 2025, nous tournons notre regard et écoutons la Légende Divine des Muses, en publiant, dans Dates célestes consonantes, les différents chapitres du texte relatif, L’Académie des Muses (qui sera publiée en 4 langues/4 blogs TPS en septembre 2025), en commençant cette nuit de Noël avec l’

Introduction

Homère invoque la Muse elle-même comme premier acte souverain :

Chante, déesse, du Pèlèiade Akhilleus (Iliade 1-, Poème).

La Déesse inspire le « chanteur du OM » et donne naissance à notre culture :

« La littérature et la culture de tout l’Occident … commencent dès le premier vers de l’Iliade par l’invocation de la Muse ; au commencement, donc, se trouve la voix la plus haute et la plus sacrée de la mousikè.

… Son importance dans l’ordre cosmique est essentielle : elle accomplit la superbe gloire de l’œuvre divine de création et en représente l’âme.”[1]

À l’aube d’une nouvelle Époque[2], nous souhaitons redécouvrir la Muse comme le premier Modèle à imiter et à suivre, pour nous souvenir de la grâce de notre essence et de notre destin les plus élevés, pour naviguer sur l’océan céleste.

Car c’est la Muse qui chante et danse la Musique des Sphères célestes ou intérieures : les Muses « gardent le secret d’une dimension sacrée qui dépasse la vie ordinaire ». Elles sont comme un fluide qui coule, elles sont comme l’eau, non seulement parce que l’eau est le principe de la vie, mais aussi parce que l’eau est l’esprit lui-même : une eau calme et cristalline qui, comme un lac de montagne, reflète les idées et les formes de la pensée, ou une eau qui ondule et s’agite, menaçante et sombre, dans le tourbillon changeant des émotions. Les Muses sont des eaux mentales, des eaux supérieures et célestes, dans lesquelles apparaissent les images du monde et de l’être.

… La voix des vierges divines ne se contente pas de célébrer ce qui a été créé, mais l’ordonne et, en l’ordonnant, l’orne : elle lui confère sens et beauté. Le mot n’est pas un supplément qui s’ajoute à ce qui existe, mais une puissance qui accomplit le monde et le fait exister dans toute sa splendeur. En prononçant et en chantant les choses qui peuplent l’univers, la voix des Muses leur donne substance et valeur”.[3]

Selon la compréhension basée sur la Tradition ésotérique, la Muse n’est donc pas une invention du génie grec, bien qu’il ait le mérite de l’avoir évoquée ou rappelée il y a quelque 2 400 ans, mais une Entité ou Énergie très élevée dont la vibration est « l’âme de la création » à laquelle elle « donne substance et valeur », c’est un véritable Nom et Symbole pour l’Essence de toutes choses. Comme nous le verrons plus loin, en termes occultes et plus précis, la Muse est la Substance vivante de la Triade spirituelle, ce niveau et Principe de Réalité qui veut, aime et pense toutes les Formes, du cosmos universel au cosmos atomique.

D’un autre point de vue et en tant que prodrome de la Science de l’Harmonique de Pythagore, la Muse est le Maître de la sagesse sonore et la Mère de la renaissance à des résonances supérieures : « La figure qui marque la nature de chaque être est un mot-chant avec sa propre intonation et sa propre hauteur. C’est pourquoi celui qui connaît le mot-son de chaque chose et sait comprendre sa musique possède aussi la connaissance fondamentale pour agir sur la réalité et la modifier : la connaissance du mot est le pouvoir secret d’un son qui devient action, déplaçant et transformant, à volonté, chaque donnée existante. Le corps même des dieux est tissé de mètres et de chants. Il s’ensuit que celui qui maîtrise parfaitement cette sagesse sonore peut, à son tour, monter au ciel : avec le bon rythme et le bon chant, on peut transformer notre nature déchue et devenir immortel« . (DSM)

Pour percer le mystère de la Muse et la raison de sa ‘reconnaissance’ à l’aube de notre culture occidentale, il convient de « commencer par s’interroger sur ce que recouvre leur nom [ou leur son] ». … Muse dériverait d’un mot d’origine lydienne, móus ou « source » : les déesses à la voix merveilleuse auraient, à toutes fins utiles, la nature de créatures « aquatiques », comme les Nymphes Naïades qui habitent les fontaines et les rives des fleuves (MythographesVaticans 3,8,22). Mais Muse pourrait aussi être rattachée à la racine dont dérivent des termes comme manthánein, « apprendre », mnéme, « mémoire », ou mens, « mental » : les jeunes filles de l’Olympe et de l’Hélicon seraient, de ce point de vue, des puissances de la pensée. Platon, pour sa part, estime que le nom recouvre le même sens que le verbe mósthai, « aspirer », « désirer », « chercher » (Cratylus 406 a) : la Muse serait la soif même de savoir, la tension de la recherche, le désir de la vérité et du chemin qui y mène. Diodore de Sicile, offrant un indice supplémentaire, suggère une juxtaposition avec la sphère des mystères (Bibliothèque historique 4,7) : Muse dériverait de múein, « initier », parce que – comme dans les rituels éleusiniens – les Muses président à une initiation sacrée, donnant aux mortels l’accès à une forme supérieure et différente de connaissance, leur ouvrant la voie vers les choses les plus belles et les plus admirables.

Sarcophage des Muses – Rome 180—200 av. J.-C. – Vienne – Musée de l’Histoire de l’Art

leur pouvoir s’étend non seulement aux plus belles conceptions de la pensée, mais aussi à l’entrelacement symphonique de toutes les choses qui sont dans l’univers (Jamblique, Vie de Pythagore 46).[4]  En effet, selon Pythagore, même la nature du cosmos a sa propre musique et son propre son. … C’est pourquoi, selon Pythagore, les Muses ne sont pas seulement des vierges divines qui chantent dans la demeure de Zeus, mais la voix même des planètes et des étoiles. Et c’est à cette mélodie céleste que toute la musique humaine devrait s’efforcer d’être en accord symphonique avec la lumière hyperboréenne[5] d’Apollon et la danse synchrone des filles de la Mémoire. De la douce lueur du paradis du Nord, comme de la splendeur claire de l’Olympe, l’infaillible archer, en compagnie des Muses, indique la voie qui monte vers les étoiles, afin que les hommes puissent s’harmoniser avec le rythme divin de l’ordre cosmique ». (DSM)

Per aspera ad astra. (Paracelse)

Les Muses sont la Voie qui monte vers les astres ; elles sont la Musique des Sphères qui se déplace pour naviguer sur les Eaux de la Vie sur le voilier ailé et indestructible de l’Intellect de l’Amour.

A cette spirale ascendante vers le Temple sacré de l’Harmonie, nous donnons le nom platonicien[6] de :

Académie des Muses.

*

Je prie Memoria et ses filles

de m’accorder une réussite heureuse

car aveugles sont les esprits

des hommes qui sans les Muses

cherchent la voie profonde de la sagesse.

 (Pindare, Pean 7 b)

*

Au début de ce voyage dans la Salle de la Sagesse céleste, invoquons-les avec Dante, le « Poète majeur »:

O Muses, ô grand esprit, aidez-moi à présent,

ô mémoire qui écrivit ce que j’ai vu,

ta noblesse paraîtra ici.

(Enfer, chant II, vers 7-9).

S. Botticelli, Paradis, Chant II, Ascension à la Lune

O vous qui êtes dans si une petite barque,
Désireux d’écouter, et suivez
Mon vaisseau qui va chantant,

Retournez revoir vos rivages,
Ne gagnez pas la haute mer, car peut-être
me perdant de vue, vous resteriez égarés.

L’eau que je prends n’a jamais été courue,
Minerve y souffle, et Apollon me conduit,
et neuf Muses me montrent les Ourses.
 

(Paradis, Chant II, vers 1-9) [7]

S. Botticelli, Dante et Béatrice


[1] Walter Friedrich Otto, Extraits traduits du livre en italien “Le Muse. E l’origine divina della parola e del canto” (« Les Muses et l’origine divine de la parole et du chant« ), 2014, Fazi éditeur (dans le texte marqué avec WFO)
[2] Selon la tradition ésotérique trans-himalayenne, les 500 années actuelles de transition entre les valeurs de l’Ère des Poissons et celles de l’Ère du Verseau qui suivra verraient leur point central en 2117 d. C
[3] Du livre en italien : Davide Susanetti, “Luce delle Muse – La sapienza greca e la magia della parola” (« Lumière des MusesLa sagesse grecque et la magie de la parole« ), Saggi Bompiani (DSM)
[4] “… Pythagore proposa d’ériger un temple aux Muses, afin de préserver la concorde en vigueur dans la cité. Parce que ces déesses, disait-il, portaient toutes ensemble le même nom, étaient connues de la tradition comme une communauté et se complaisaient dans un degré élevé du culte commun ; et puis le chœur des Muses était toujours et constamment le même, et en plus renfermait en lui-même accord, harmonie et rythme, c’est-à-dire tout ce qui crée la concorde. Enfin, il montrait comment leur pouvoir s’étendait non seulement aux plus hauts principes scientifiques, mais aussi à l’accord et à l’harmonie de l’univers. » (Traduit de : Jamblique « La vita pitagorica », 46 – par Maurizio Giangiulio, BUR Rizzoli)
[5] “Le Nord absolu, qui coïncide essentiellement avec l’axe du pôle et le pivot de la rotation céleste, la région des Hyperboréenne, totalement inaccessible au commun des mortels, est la demeure du soleil et de la vie : le lieu qui, dans les limites du monde, représente la plus grande tangence avec le plan supérieur de l’être. La demeure lointaine d’Apollon est, à toutes fins utiles, le symbole de ce centre invisible et secret dont dépendent les centres sacrés visibles dans le monde habité par les humains et auxquels ils sont liés par une influence et une légitimité nécessaires. Le pôle hyperboréen est la source qui alimente et soutient le « nombril » de Delphes ainsi que la Délos dorée. De ce nord, dit-on, des cadeaux étaient périodiquement envoyés … une sagesse transmise sans interruption par une lumière et une dimension de nature supérieure. Symbole d’une tradition vivante fondée précisément en vertu de ce lien sans fin avec son « pôle » invisible.
… Chaque fois, pour se rendre à l’autre bout du monde, Apollon monte dans un char tiré par des cygnes blancs [l’oiseau symbolisant l’Âme, l’Ange solaire, et son éternité], qui s’envolent dans les airs. Et puis, à l’heure du retour, ce sont toujours ces oiseaux merveilleux, proches de la nature chantante et solaire du dieu, qui le ramènent sur le sol grec, dans ses sanctuaires et les cités qui lui sont chères” (DSM)
[6] “Platon choisit pour son école un lieu ombragé par de grands arbres, juste à l’extérieur de la Porte Sacrée d’Athènes : un bosquet consacré aux héros de l’Académie. Il y érigea un sanctuaire en l’honneur des Muses. L’Académie platonicienne a été fondée comme un thiase dédié aux vierges divines.” (DSM)
[7] Citations de certaines des Muses dans la Divine Comédie:
Muses Inf. II, 7 Pg 1, 8; Pg XXII, 102; (Vierges) Pg. XXIX, 37;
Calliope Pg. I, 9; Uranie Pg. XXIX, 41; Clio Pg. XXII, 58; Polymnie Pd. XXIII, 56
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Une réponse à L’Académie des Muses – Introduction

  1. Sureela Bonnet dit :

    les Muses inspiratrices transportent dans la félicité de la psyché sublimée une nourriture raffinée un nectar, une ambroisie des plus hauts sommets.

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